Elle s’appelait Yvonne Lacaze, elle a consacré sa vie à sa famille et… aux Halles de Bayonne ou elle a commencé à travailler en 1922 à l’âge de 11 ans, elle y vendait des fruits et des légumes, mais aussi des cèpes lorsque la saison arrivait.
Jusqu’à l’âge de 70 ans, elle s’est levée entre 2h30 et 3h30 du matin, selon l’importance du marché du jour.
Très tôt le matin donc, été comme hiver, elle arpentait de son petit pas pressé les quais, d’un grossiste à l’autre pour négocier tel ou tel article, qu’elle et sa fille Francette allaient s’empresser de mettre en valeur sur leur étal sous les Halles.
En septembre, elle avait pour habitude de scruter le journal Sud-Ouest, en quête de l’apparition du mot « cèpes » dans les colonnes de la rubrique « les marchés de la région».
Dès lors, elle n’hésitait pas à quitter Bayonne dès 10h du soir pour se rendre de nuit en voiture avec sa fille à Bordeaux au marché des Capucins ou de Brienne, ou elles connaissaient quasiment tous les grossistes de champignons depuis tant d’années.
Environ deux heures et demie plus tard, elles rentraient au volant de leur « Simca Aronde commerciale » emplie à ras bord du précieux chargement aux fragrances forestières.
Je me souviens qu’avant de prendre la route, elle avait pour habitude de se signer, par crainte qu’une catastrophe survienne en chemin.
Après environ 5h de route aller/retour et une nuit blanche, il était généralement près de 6 heures du matin lorsqu’elles commençaient à installer les magnifiques bolets sur toute la longueur de leur étal.
Cette opération s’effectuait une fois le contrôle effectué par le vétérinaire déplacé spécialement aux Halles.
Les restaurateurs arrivaient en premier, s’empressant d’acquérir le fameux sésame qui leur assurerait à coup sûr la satisfaction de leurs clients.
Puis arrivaient les clients habitués qui avaient été informés de la date du « jour J »
Enfin et comme par magie (les bruits courant vite dans le Bayonne d’antan), une foule d’amateurs aux yeux émerveillés s’alignait spontanément devant l’étal, juste pour s’offrir de quoi satisfaire leurs papilles.
Durant la saison Yvonne et Francette reprenaient la route deux à trois fois par semaine, inutile de préciser que ce rythme pour le moins soutenu, leur laissait peu de temps pour prendre ne serait-ce qu’un peu de repos.
Elles ont travaillé toute leur vie aux Halles de Bayonne, en faisant preuve de courage et d’abnégation, je voulais leur rendre hommage ici.
Elles apparaissent toutes les deux sur la photo ci-dessous, ce cliché a été pris à l’extérieur des anciennes halles en été 1960.
Pour la petite histoire, vous pouvez remarquer que Francette est enceinte, je suis né environ 3 mois plus tard…
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