Il fait un temps épouvantable en ce lundi 15 décembre 1969, et une nouvelle se répand comme une trainée de poudre sur le carreau des Halles de Bayonne provoquant la stupeur : une catastrophe s’est déroulée cette nuit à Tarnos…!
L’océan déchainé a littéralement projeté un cargo sur la grande digue, une véritable tragédie !
Chacun y va de son anecdote, de sa précision sur « l’affaire », les questions fusent, les plus « informés » alimentent la rumeur sur le nombre de victimes, sur les circonstances de l’accident.
Tous évoquent avec tristesse, l’horreur qu’ont dû vivre ces pauvres marins, en pleine nuit à la merci de l’océan en fureur, perdus au milieu des immenses vagues d’hiver, avec pour seul espoir le faible éclairage de la veilleuse de l’immense grue « Titan » qui trône sur la grande digue, et semble défier les éléments.
« Il est impossible de les sauver par la mer, aucun bateau ne peut sortir dans ces conditions ! » s’exclame M. François qui avait donné son prénom au bar situé près de l’entrée des Halles.
« C’est un chalutier » dit l’un, « non c’est un cargo » dit un autre, en réalité personne ne le sait vraiment…
C’est l’arrivée d’Antonin et son épouse des maraîchers boucalais qui va apaiser tout le monde en apportant des informations bien plus précises.
Il s’agit en fait d’un minéralier, le « Romulus » qui était en attente devant l’entrée du port de Bayonne, et dont l’ancrage aurait lâché dans la nuit. L’océan démonté n’aura pas tardé à projeter le navire sur la digue.
Ce n’est que le lendemain que nous apprendrons les conditions de l’intervention des héros qui ont sauvés tous les marins sans exception, ils ont, dans des conditions extrêmes et au péril de leur vie, utilisé les câbles de l’immense grue pour les extraire un à un des flots déchainés.
J’étais gamin, et je me souviens encore que dans les semaines qui ont suivi l’évènement, dans la cour de récréation de l’école (rue de Luc), ces héros locaux avaient remplacé les Zorro, Thierry la Fronde et autres Robin des bois.
Aux Halles, leurs noms ont longtemps résonné dans les mémoires, ils s’appelaient Miniconi, Labro, Lissardi, et quelques autres encore…
Comme c’est souvent le cas, cet évènement s’est peu à peu effacé de la mémoire collective, aujourd’hui seuls les anciens s’en souviennent, mais Bayonne a su toutefois conserver un vestige de cette tragédie qui a pu être évitée, il s’agit de l’hélice qui orne l’entrée de la Chambre de Commerce… celle du « Romulus ».
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Bonjour, je recherche depuis des années des informations et photos sur un ancien bateau qui resta échoué durant des décennies dans l’Adour. Il aurait été coulé durant la guerre de 39-45. Dans mes souvenirs de gamin (années 80), il me semble qu’il avait des roues à aube… Je crois qu’ils l’ont retiré au moment de la construction du Pont Grenet.