Si les vaches prennent visiblement plaisir à regarder passer les trains, il en était tout autrement pour trois vaches bayonnaises portant les doux sobriquets de « Joyeuse », « Margot » et « Curieuse »…
C’est (une partie de) l’histoire de la vie de Marie Hyppolyte surnommée Mayi, personnalité bayonnaise connue comme le loup blanc qui résidait dans la ferme familiale située à Glain.
Après la perte de sa maman, elle y demeurait seule et élevait vaches, poulets et lapins.
Mayi qui, suite à un accident, était handicapée du pied gauche, chevauchait quotidiennement son Solex pour se rendre aux Halles en fin de matinée afin d’y recueillir les fruits et légumes invendus pour nourrir les animaux de sa ferme, c’est ce que l’on appellerait aujourd’hui un « circuit court ».
C’est donc après avoir ramassé tout ce qu’elle pouvait, et constitué une interminable pile de caisses sur le porte bagage de son deux-roues, qu’elle s’élançait vers Glain, et là… gare aux imprudents qui se trouvaient sur son passage !
Les 3 fugueuses
Arrivée tant bien que mal à bon port, les poules attirées par le stock conséquent de nourriture se précipitaient à sa rencontre, les lapins attendaient sagement dans leurs clapiers, et les vaches… ah oui les vaches… et bien elles s’étaient comme à leur habitude échappées !
Partisanes que l’herbe est toujours plus verte, non pas de l’autre côté de la vallée, mais bel et bien autour voire sur la voie ferrée, nos trois fugueuses avaient pour habitude de s’y rendre dès que Mayi avait le dos tourné…
Et c’est là que ça se corse…
Il se trouve que sur ce tronçon passaient (et passent toujours d’ailleurs) à vitesse réduite des trains et notamment le Paris-Hendaye.
Cet endroit précis était devenu la hantise pour ne pas dire le cauchemar des conducteurs de trains qui restaient régulièrement bloqués de 10 minutes jusqu’à parfois plus d’une demi-heure, selon que Mayi soit là ou pas pour évacuer ses vaches de la voie ferrée.
Et cela pouvait arrivait plusieurs fois par jour !
S’enchainait alors un concert de sirène(s) de train(s) tentant en vain d’effrayer nos téméraires ruminants, qui habitués à ce vacarme, ne daignaient même pas lancer un regard.
Plus le temps passait et plus les conducteurs étaient furieux, appuyant de plus en plus frénétiquement sur « la corne » (si j’ose dire) pour manifester leur exaspération.
Mayi montait alors sur le talus et d’un geste faisait partir ses trois vaches, sous les invectives des conducteurs et parfois même des passagers.
Les vaches adorant l’endroit et les trains persistant à passer par là, ce cirque a perduré des années.
Encore une histoire de vaches à Bayonne !
Et puis un jour Mayi et ses vaches s’en sont allées, notons que dès lors, les indices d’exactitude de la Société Nationale des Chemins de Fer Français s’améliorèrent tout aussi fortement que subitement.
Une autre époque, un autre temps…
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