S’il existait une tradition qui faisait l’unanimité, et qui nous semblait indéboulonnable sur le carreau des Halles de Bayonne, c’était bien l’unique, le fameux, l’inégalé sandwich à l’omelette aux piments du pays !
Histoire
de faire bonne mesure, il semble bon de préciser que la taille « réglementaire
» fortement conseillée correspondait à une (bonne) demi-baguette de pain encore
chaud…
L’incontournable !
Incontournable casse-croûte de ceux qui travaillaient de nuit aux Halles, et qui le dégustaient généralement entre 5h et 7h du matin.
Cette pratique était tellement ancrée que, même lorsque leur bar était plein, certains cafetiers trouvaient toujours le temps de préparer à la hâte le fameux en-cas.
Sans
doute savaient-ils à quel point nous en avions besoin, surtout lors des nuits
glaciales d’hiver ou nous commencions entre minuit et 2h, c’était un peu notre
récompense de la « mi-journée ».
Aujourd’hui cette tradition s’est, à mon grand désespoir, quasiment perdue, pour preuve, il y a quelques années lors de l’une de nos sorties aux Fêtes, j’ai voulu faire déguster cet incontournable sandwich à des amis de passage, il nous aura fallu faire près de 3 fois le tour de la ville (…) pour enfin trouver notre bonheur rue d’Espagne !
Les
plus anciens se souviendront qu’à l’époque durant les Fêtes, il aurait été
difficile de trouver un endroit qui n’en préparait pas !
Je
trouve cela d’autant plus dommage, qu’aujourd’hui l’on nous « propose » à la
place des hot-dogs, burgers et autres kebabs de qualité parfois douteuse, et qui
sont loin, mais alors très loin d’égaler ce délice traditionnel local !
Ceci
dit, il est vrai que ce dernier ne se congèle pas…
Mais ce n’est pas tout…
A la même époque, l’on trouvait également dans les bars autour des Halles, une autre spécialité de très haut vol, j’ai nommé les « œufs-chingarre » une autre préparation emblématique locale, de renommée – à minima – mondiale.
Cette
dernière, qui selon moi… nous aurait été sournoisement subtilisée par les «
premiers touristes anglais » arrivés en 1152, à cause du mariage d’Aliénor
d’Aquitaine, et qui l’auraient perfidement renommée « Eggs and bacon » avant de
l’exporter dans le monde entier, enfin… ça c’est ma version 😉
Il ne
vous échappera pas que d’un point de vue étymologique, et surtout en toute
bonne foi, il est relativement aisé de rapprocher le mot anglais « Bacon » de
sa racine « Xingar », tout comme le mot « Egg » de « Arroltze » 😉
Si l’on tient compte du fait que la « Baïonnette » a été inventée à Bayonne, on peut facilement en déduire qu’elle a servi à couper la ventrêche bien avant le bacon.
Mais
suspendons là cette petite note historique, qui permet toutefois de remettre
diplomatiquement « Big Ben » à l’heure de la Cathédrale Sainte-Marie.
Plus sérieusement
Plus
sérieusement, comme ils ont raison nos grands chefs cuisiniers, lorsqu’ils
affirment que des préparations simples, réalisées avec de bons produits, n’ont
nul besoin de présentations sophistiquées ou d’atours en trompe l’œil pour
émerveiller nos papilles !
Alors
oui, il est vrai qu’il existe depuis une quinzaine d’années le « championnat du
monde d’omelette aux piments » qui connait d’ailleurs un vif succès, ce qui en
soi est encourageant, mais cela augure-t-il un retour prochain à cette
tradition dans les établissements ? Rien n’est moins sûr.
Quoi
qu’il en soit, j’espère que ces deux délices évoqués dans ce post ne vont pas
finir par s’éteindre complètement, nous perdrions alors deux pans importants de
notre art culinaire local ET traditionnel.
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Pour être né et avoir passé mon enfance et mon adolescence rue Bourgneuf, je voudrais vous faire part de mon ressenti quant aux différences notables (à mes yeux) entre les Fêtes des années 60 jusqu’à début 80 et celles de nos jours.
Notez
qu’il ne s’agit pas d’une critique gratuite puisque, vous allez le constater,
il y a eu de bonnes choses à toutes les époques, même aujourd’hui
naturellement.
Bien entendu il ne s’agit que d’un avis personnel, que je voudrais néanmoins partager avec vous…
Le Nombre de Bandas (Ambiance)
Bandas = « Cliques » en ancien bayonnais 😉
Prenons l’exemple de 1961 ou ce n’était pas moins de de 32 bandas pour plus de 600 musiciens, danseurs et danseuses qui animaient les rues durant les Fêtes. Imaginez un peu l’ambiance !
Aujourd’hui l’on ne peut que constater que la majeure partie de ces Bandas a été remplacée progressivement par des « groupes musicaux » d’une part, mais aussi et surtout par les sonos tonitruantes des bars et autres peñas (ces dernières étant beaucoup plus récentes).
Selon
moi – et je sais bien que je ne suis pas le seul – cette
« évolution » donne une tout autre physionomie à la Fête, en effet le
rythme omniprésent des grosses caisses quel que soit l’endroit où l’on se trouve
dans Bayonne, créait une ambiance incomparable, comme quoi rien ne remplacera
la musique vivante.
La Sécurité
De
ce point de vue et tenant compte de l’évolution du nombre de Festayres, il faut
tout de même reconnaître qu’il y a un mieux, même si certains pensent le
contraire.
Dans les années 70 et début 80, il est arrivé à plusieurs reprises que certains perdent la vie lors des Fêtes, et pas seulement par accident…
Pour exemple lors de l’édition 1978, il est presque 2 heures du matin lorsque Alain F. ripeur chez un grossiste du Quai Galuperie s’en prend à Jean-Claude E. pour un simple vol de melon, il le poursuivra tout le long du quai avant que ce dernier ne s’effondre au pied du pont Marengo, lardé de coups de couteau, il n’y survivra pas.
Je
les connaissais tous les deux (Relations des Halles)
Le lendemain, c’est Antonio G. qui tuera par arme à feu un Festayre sur le Quai des Corsaires
Et croyez bien que ce ne sont pas des cas isolés, de fait on peut considérer que de ce point de vue, les temps ont évolué favorablement.
La Propreté
Oui,
des gros efforts ont été faits afin d’améliorer la salubrité de notre chère
ville durant la période de liesse.
Il existait autrefois une pratique peu avouable qui a perduré jusqu’à la disparition progressive des grossistes sur les quais, voir ici l’article dédié.
Il
y a très peu de temps encore, les gobelets en plastique jonchaient les rues
odorantes, les verres consignés n’existaient pas, et, tous les bars fermaient
leurs toilettes, alors comment faire ?
Le résultat tout le monde s’en souvient encore, surtout les résidents (là je parle en qualité d’ancien de la Rue Bourgneuf).
De nos jours, malgré le consensus écologique qui semble émerger, force est de constater que l’on assiste encore à ça en 2019… (Cf. photo ci-dessous). Tout le monde parle de « respect » et « d’écologie » mais les actes trahissent ces bons mots…
Il
s’agit là d’une différence majeure entre les Fêtes d’antan et celles de nos jours.
Si l’on fait le calcul entre les prix pratiqués autrefois par rapport à ce que l’on gagnait à l’époque, on se rend compte qu’une énorme « machine à business » s’est mise en place depuis les années 90, c’est-à-dire au fur et à mesure de l’augmentation de l’affluence des Festayres d’ici et surtout d’ailleurs.
Certains
(pas tous heureusement) aujourd’hui pratiquent des prix excessifs pour ne pas
dire indécents, au regard de la qualité des produits qu’ils proposent.
L’Incontournable des Fêtes
J’ai
eu la chance de connaitre ce temps béni ou les sandwichs des Fêtes avaient la
même taille que ceux du reste de l’année à savoir « une demi
baguette ».
Cette époque est visiblement révolue, tout aussi révolue que l’omniprésence de notre incontournable sandwich à l’omelette aux piments.
Je
trouve très triste de constater qu’aujourd’hui il est beaucoup plus facile de
trouver des sandwichs exotiques comme le « Kebab ».
Pour
preuve, avec des amis nous avons dû faire quasiment le tour de Bayonne pour
trouver un établissement proposant ce délice local !
J’adresse donc un appel aux professionnels, espérons qu’il soit entendu 😉
Les Tenues à travers les temps
Si
la tendance était au bleu et blanc, puis au vert et blanc en 1932 et lors des
premières éditions, la tendance a ensuite évolué.
Dans
les années 60 les tenues étaient assez disparates, même si en 1969, Luis
Mariano jette les clefs, vêtu de blanc et rouge, comme à Pampelune, ce n’est
que quelques décennies plus tard que cette tenue sera adoptée, et qui l’est
encore aujourd’hui.
C’est dans les années 70 que la mode des bleus de travail et t-shirt à rayures fait son apparition, pour compléter ce « kit Festayre », il ne faut surtout pas oublier les sandales de préférences portées en « chocou », et… le Chahakoa.
Appellation d’Origine Contrôlée
Mon
« coup de bec » concerne une fâcheuse habitude qui a tendance à se
répandre, j’ai nommé « La Féria de Bayonne »,
ce terme utilisé par les vacanciers qui ne font que répéter le terme propagé
par certains acteurs de la grande distribution et autres commentateurs de tout
poil, démontrant ainsi leur parfaite méconnaissance de Bayonne.
Si les chiffres indiquent une certaine stagnation du nombre de Festayres depuis l’instauration d’un « droit d’entrée », il faut bien reconnaitre qu’en raison d’une certaine médiatisation (parfois très discutable, voire hostile), la fréquentation a explosé au fil des années.
À
tel point qu’il n’est pas rare de voir circuler l’évaluation d’un million de
Festayres (chiffres cumulés sur les 5 jours).
Il
est vrai qu’il y avait beaucoup moins de monde lors des Fêtes d’antan, jugez
plutôt…
Rien que dans les années 60, sur le Pont Mayou par exemple, les anciens avaient encore la possibilité de venir avec leur chaise pour assister confortablement aux festivités.
Les familles apportaient même des escabeaux pour y installer les plus petits…
Les Comportements
Dans
les années 70 et début 80, un certain nombre de soi-disant «Festayres »
pensant sans doute faire preuve « d’humour », trainaient derrière eux
attachés à une ficelle un canard (vivant) certains n’hésitant pas à faire
ingurgiter tout type d’alcool au pauvre animal…
C’est
dire le niveau intellectuel de ces tristes sires que l’on n’hésitait pas, mes
amis et moi, à qualifier de « C.nnards à canards ».
Fort
heureusement cette pratique de débile profond s’est tarie avec le temps, du
moins je l’espère !
Aujourd’hui lors des Fêtes, je déplore le comportement de certains (là encore une minorité) cafetiers et restaurateurs qui « oublient » carrément la valeur de leur clientèle aussi locale que fidèle à l’année, et qui ne devient alors à leurs yeux qu’un docile distributeur de billets ne méritant aucun égard.
Dans
les années 70, j’en ai connu un ou deux qui avaient adopté ce type de comportement,
dès la fin des Fêtes ils y ont laissé des plumes… l’un d’eux a même dû vendre
son bar quelques mois après.
Il faut dire qu’à l’époque nous étions bien plus regardant sur ce point, car très attachés à une certaine notion de fidélité mutuelle. Ceux qui jouaient contre perdaient à tous les coups !
Eh oui… pour ceux-là la notion de respect du client fidèle se perd, de fait ce dernier perd aussi peu à peu la notion de fidélité, rien d’anormal.
En revanche, je tiens à remercier la majorité de professionnels qui, je le sais, se donnent beaucoup de mal pour que la fête soit belle !
Sur les Fêtes payantes
Oui,
je l’ai gardé pour la fin, même si je suis persuadé que la municipalité a pesé
le pour et le contre avant de prendre une telle décision, j’avoue que résidant
aujourd’hui à Anglet, j’ai un peu de mal à « passer à la caisse »
pour avoir le droit d’entrer dans « ma » ville, ce n’est pas du tout
une question financière, juste par principe.
J’espère juste que ces fonds sont et seront judicieusement utilisés.
J’imagine
par ailleurs, un futur ou les plus jeunes auront du mal à croire que les Fêtes
de Bayonne furent un jour gratuites…
En synthèse
Quelle que soit l’époque les Fêtes nous ont fait connaître de bien belles choses, des moments inoubliables, une ferveur intense et plein d’histoires et d’anecdotes à se raconter. D’autres pratiques moins glorieuses ont aussi existé, chacun aura sa vision des choses, ce qui est sûr en revanche, c’est que la fierté d’être Bayonnais est et sera toujours là !
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