Je voudrais vous raconter aujourd’hui sur les Bayonnades, 3 petites histoires vécues sous les Halles à l’époque du Marché-Parking.
- Braquage sous les Halles !
- Le clochard millionnaire
- Une fainéante hyperactive
Braquages sous les Halles !
Sous les Halles et surtout le samedi jour d’affluence par excellence, il arrivait parfois qu’une cliente indélicate, ou un touriste en mal de sensations fortes, soient tentés de faire subrepticement « glisser » quelques fruits dans leur sac.
Mais ce type de larcin était immédiatement repéré par les commerçants qui avaient l’œil.
Dès lors nous pouvions assister à des scènes du genre de celle qui suit…
- Yvonne (Vendeuse) : Voilà, cela vous fait 5.90F
- Cliente : Comment ça Yvonne ? J’ai n’ai pris qu’un kilo de carottes à 3F !
- Yvonne : Vous ne l’avez peut-être pas vu, mais vous reconnaissant sans doute, un groupe d’abricots s’est discrètement éclipsé dans votre cabas pendant que je pesais lesdites carottes, donc en plus de ces dernières je vous rajoute un « forfait abricots » estimé à 2.90F, ce qui nous fait bien 5.90F.
Face à ces arguments imparables, l’escamoteuse s’exécutait sans mot dire, avant de disparaître à grandes enjambées.
Il va de soi que l’exercice était beaucoup moins courtois lorsque le préjudice était provoqué par un inconnu de type Parisien par exemple.
Le clochard millionnaire !
Tout petit, je m’étais pris de tendresse, et je dois le dire d’un peu de pitié, pour un pauvre vieillard (rien de péjoratif dans mon propos) qui, habillé de guenilles, venait deux fois par semaine sous les Halles en fin de matinée.
Manifestement dépourvu de moyens, celui-ci lorgnait discrètement les caisses vides empilées à côté des stands de fruits et légumes, des fois qu’elles contiendraient quelques fruits avariés, potentiellement récupérables à moindre coût, c’est-à-dire gratuitement.
Lorsqu’il n’en trouvait pas, il se résignait alors à acheter quelques fruits pour des sommes dérisoires, du genre une petite banane ou deux abricots ou encore une » pincée » de cerises etc.
Toujours l’un ou l’autre mais jamais l’ensemble d’un coup.
S’engageait alors une interminable négociation qui se heurtait systématiquement au refus des commerçants, comportement incompréhensible à mes yeux, qui je l’avoue m’attristait profondément.
Ce n’est que plus tard, devenu adolescent, que j’appris le fin mot de l’histoire, le pauvre hère était en réalité un richissime propriétaire, mais pas n’importe lequel, il possédait, comme le disaient certains, « la moitié de Saint Esprit ! ».
Il était donc en réalité et à ma grande surprise, d’une avarice rare, ce que l’on appellerait de nos jours « une pince », en l’occurrence de compétition !
C’est dès cette époque que j’ai compris le sens du dicton « l’habit ne fait pas le moine », mon « pauvre vieillard » en étant le reflet parfait !
Une fainéante hyperactive !
Les mardis, jeudis et samedis, jours de grand marché à l’époque, et vers les 12h45, heure où les commerçants du rez-de chaussée commençaient à remballer la marchandise et démonter les stands, arrivait sur son vieux vélo, celle qui était considérée comme une « irrécupérable fainéante », qui se levait à midi avant de se précipiter aux Halles pour faire ses courses.
Ceci avait le don d’en agacer plus d’un, d’autant que les acteurs des Halles étaient du genre à se lever eux entre 2h et 4h du matin, et je ne vous ferai pas un dessin sur l’opinion qu’ils avaient des fainéants.
Elle les agaçait d’autant plus en raison de son comportement, l’air sévère, peu souriante, semblant toujours pressée, alors qu’elle « se levait à midi », bref le cocktail idéal pour créer une certaine ambiance…
Ce n’est que quelques années plus tard que là encore, nous apprîmes le fin mot de l’histoire, cette dame était en réalité veuve, élevait ses 4 enfants toute seule et gérait l’entreprise d’une dizaine de salariés qu’elle avait créée là encore toute seule.
Mère courage !
Du coup, oui elle arrivait vers 12h45, pressée, tendue, mais désormais on comprenait pourquoi !
Ce fut ensuite à celui qui l’accueillait avec le plus large sourire, qui lui rajoutait toujours quelques fruits en cadeau, bref les bons gestes fusaient à qui mieux mieux.
Il faut bien reconnaitre que de son côté, elle n’a jamais compris ces subits élans d’amabilité et de générosité à son endroit.
D’ailleurs personne n’a jamais osé lui en expliquer les raisons, mais c’est peut-être mieux comme ça…
Début des années 80, elle n’est plus venue, et personne ne sait ce qu’il est advenu de cette mère courage.
Ces quelques anecdotes prouvent, s’il en était besoin, qu’il est en réalité bien difficile de se faire une juste opinion des gens sans les connaitre réellement.
Vous venez de lire “Braquages sous les Halles !”
CETTE PUBLICATION VOUS A PLU ? ABONNEZ-VOUS C’EST GRATUIT ! (Haut de la colonne de droite)