Les halles de Bayonne durant la guerre…

Si de nos jours, nos voisins Allemands ont la réputation de voyager beaucoup, surtout lorsqu’ils sont à la retraite, chose que l’on peut comprendre car il faut bien qu’ils s’occupent (quand ils n’occupent pas leurs voisins…), il fut un temps ou leur présence n’avait rien de touristique.

Déjà que la vie n’était pas facile à l’époque, les années qui ont vu la seconde guerre mondiale ont été encore plus dures à vivre à Bayonne (comme dans la plupart des autres villes et campagnes).

Arrestations, déportations, contrôles quasi permanents, perte de proches étaient le lot quotidien de ces courageux hommes et femmes, qui ont fait face malgré tout.

Les contraintes imposées aux commerçants des Halles comme par exemple l’obligation de tirer les charrettes en bois, en effet, le simple fait de « pousser » sa charrette était alors considéré comme un acte potentiellement terroriste.

Ces années ont été terribles ici aussi, couvre-feu, patrouilles permanentes, le claquement des bottes résonnant dans les rues du Petit-Bayonne et autour des Halles, la peur s’est installée…

Cette époque a fortement marqué les Bayonnais.

La Wehrmacht devant La Féria

Malgré tout une forme de détermination commence à imprégner les esprits, la résistance s’organise, prenant des formes multiples, et officiant à tous les niveaux.

Comme par exemple la trappe amovible au sol dans le couloir de l’appartement ou je suis né rue Bourgneuf, et qui servait de cache d’armes, les doubles rideaux opaques des appartements Bayonnais masquant tant bien que mal l’éclairage intérieur aux patrouilles omniprésentes, et bien entendu les multiples « TSF » permettant de s’informer de la (vraie) situation via « Radio Londres »

Bayonne 1942

Ceci n’a pourtant pas empêché de nombreux Bayonnais d’être arrêtés, parfois pour des raisons futiles, comme mon grand-père qui fut déporté avec d’autres locaux au Stalag XII F de Forbach, laissant ma grand-mère seule avec ses trois enfants.

Message des enfants au verso de la photo

Concernant ce Stalag, j’ai voulu en savoir un peu plus, et voici ce que j’ai découvert…

Stalag XII F de Forbach

Au 1er septembre 1943, étaient dénombrés dans ce camp 17 524 Français, 312 Belges, 2 623 Polonais, 4 923 Slaves (Serbes etc..) et 23 623 Soviétiques, soit un total de 49 015 prisonniers.

Les plus faibles étaient condamnés à mourir.

Tous les jours une trentaine de cadavres étaient transportés dans des charrettes tirées par quatre prisonniers qui les jetaient dans des fosses communes.

Aux conditions inhumaines de détention s’ajoutait le typhus du au manque total d’hygiène.

Ce n’est qu’après l’épidémie du typhus surmontée, que des transports de prisonniers soviétiques dans le Stalag XII F sont arrivés en été 1942 et ce contingent a constamment augmenté jusqu’en août 1944.

Le nombre des victimes qui sont décédées au printemps 1942 pendant les transports sur rail, de fièvre et de malnutrition ne peut être estimé, car seulement les survivants ont été enregistrés en tant que prisonniers du Stalag XII F.

Au 1er août 1944, dans l’ensemble du XII-F (Forbach) on dénombre un total de 29346 prisonniers de guerre soviétiques et 2804 prisonniers de guerre polonais. Pour ce qui concerne les autres nationalités, le nombre total est inconnu.

Jointe à ce post, vous trouverez une photo envoyée innocemment à mon grand-père, bien entendu cette photo ne lui est jamais parvenue car jamais partie. Elle avait été récupérée par le facteur à cause des risques encourus selon lui.

Les enfants ne l’ont su que beaucoup plus tard…

A la fin de la guerre lorsqu’il en est revenu, il était méconnaissable, il pesait… 42kgs pour 1m78 !

D’autres en revanche n’ont pas eu « sa chance » …

Inutile de préciser que ces années furent extrêmement difficiles pour les commerçants des Halles, qui en plus d’un travail des plus pénibles, ont subi ces souffrances et contraintes dans un climat de risque permanent.

La Wehrmacht sur le Pont du Génie

En 1944, alors qu’une lueur d’espoir renaît, une nouvelle tragédie frappe non pas Bayonne, mais Biarritz, en effet en ce lundi ensoleillé du 27 mars, la ville voisine subit le bombardement massif de 3 escadrilles de bombardiers américains.

Le bilan est lourd, très lourd, Les bombes font 117 morts et 250 blessés. 375 maisons et immeubles sont détruits.

Sur le carreau des Halles, c’est la stupeur ! Certains commencent à s’organiser pour aller porter secours, oubliant par la même et logiquement, tout esprit de rivalité.

Comme si ce n’était pas suffisant, les tragédies s’enchainent, après le bombardement de Biarritz, c’est le toit des Halles de Bayonne qui s’effondre… en ce rude hiver 1944/1945.

Mais ça c’est une autre histoire, celle de notre cher pays.

Je voudrais rendre hommage à celles et ceux qui nous ont donnés tant de leçons de courage en une époque si trouble, peut-être cela nous aidera-t-il à nous plaindre un peu moins de notre condition d’aujourd’hui…

Je conclurais avec une pensée pour Alexis de Tocqueville qui écrivait, « Quand le passé n’éclaire plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres »

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Ancienne devise des Halles de Bayonne ordinem et munditiae

Saviez-vous que les Halles de Bayonne qui ont précédé celles d’aujourd’hui, disposaient d’un poste de police ainsi que de toilettes publiques.

Ces deux endroits étaient confiés à deux personnages incontournables qui, pour ceux qui les ont connus, se définissaient comme les garants zélés d’un ordre et d’une propreté ne souffrant aucune incartade…

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Yvonne, Francette et les cèpes

Elle s’appelait Yvonne Lacaze, elle a consacré sa vie à sa famille et… aux Halles de Bayonne ou elle a commencé à travailler en 1922 à l’âge de 11 ans, elle y vendait des fruits et des légumes, mais aussi des cèpes lorsque la saison arrivait.

Jusqu’à l’âge de 70 ans, elle s’est levée entre 2h30 et 3h30 du matin, selon l’importance du marché du jour.

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Fin de la grande époque des halles

1963 dans les Halles de Bayonne…

« Il parait qu’ils vont construire un grand magasin en bas de Beyris… »

« Tu parles ! Ce n’est pas possible, là-bas il n’y a jamais eu que des marécages et des grenouilles ! »

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Lorsque les « stars » étaient bayonnaises !

Contrairement à ce qu’il existe aujourd’hui, et aussi curieux que cela puisse paraître, que ce soit sur le quai Dubourdieu, le quai des Corsaires, le quai Galuperie ou encore le quai Jaureguiberry, il n’y avait aucun restaurant à proximité immédiate des Halles, ni même de café au sein de celles-ci…

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