Nous vivons actuellement la 82ème édition des Fêtes qui auraient dû être la 87ème (Article précédent) mais les évènements en ont décidé ainsi.
À
cette occasion, il m’a semblé judicieux de faire découvrir à celles et ceux qui
ne connaissent pas, les différentes affiches des Fêtes à travers les âges.
Il en
manque quelques-unes, mais il y a la première celle du 13 au 17 juillet 1932,
jusqu’à celle de 1989.
Dans quelques jours, la 87ème
édition des Fêtes va débuter, qui sera en réalité la 82ème en raison
de leur suspension entre 1940 et 1944 pour des raisons connues de tous.
Cette petite précision faite, il me semble bon de rappeler que jusqu’aux années 80, et même un peu après de façon plus sporadique, d’autres fêtes étaient également très prisées, il s’agissait des « Fêtes du Petit Bayonne », ces dernières ne concurrençaient pas directement leur « sœur ainée », mais constituaient plutôt un « bonus » vraiment très apprécié des autochtones dont je faisais partie.
Elles se déroulaient courant du
mois d’août.
Quelques vidéos
Histoire de raviver leur souvenir
dans l’esprit des plus anciens, et de les faire découvrir aux plus jeunes, vous
pouvez visionner sur ce site quelques vidéos (Super8 numérisées) d’animations
organisées à cette occasion.
Je voudrais maintenant profiter de cette publication, pour m’insurger
contre une pratique qui a une fâcheuse tendance à se développer de façon plus
ou moins insidieuse…
Natif du Petit Bayonne et ayant quasiment toujours vécu ici, je suis
très étonné par le terme « Férias de Bayonne » qui semble de plus en plus utilisé
pour désigner nos « FÊTES DE BAYONNE ».
En ce qui me concerne, la seule «
Féria » que j’ai connue à Bayonne, était en réalité le cinéma qui se trouvait
en bas des Allées Paulmy, et que beaucoup d’entre nous fréquentaient assidument
!
Et les touristes dans tout ça ?
Les années passant, nous
écoutions amusés, les « touristes » parler de « Féria », sans doute en
référence à celles de Nîmes ou d’Arles, il va de soi que nous les reprenions
sans délai, de façon à ce qu’ils ne commettent davantage ce crime de
lèse-majesté (pauvre Léon)
Il me semble bon de rappeler qu’ici, nous sommes à Bayonne, et que les festivités se sont toujours appelées « FÊTES DE BAYONNE », indiscutable AOC qui devrait presque figurer au patrimoine mondial de l’Unesco… bon ok, j’exagère un peu, mais tout de même… !
En synthèse
Merci donc aux acteurs de la grande distribution et autres commentateurs de tout poil de parler en bon bayonnais !
Si vous pensez que j’exagère, tapez « Féria de Bayonne » dans Google et jugez par vous-même…
En revanche si vous rejoignez mon point de vue, n’hésitez pas à partager, c’est le moment ou jamais 😉
L’on nous parle aujourd’hui de la tendance du « Mono produit », de « Concept stores », de ‘Food-trucks » comme s’il s’agissait de nouveautés absolues.
Disons plutôt que ce qui est nouveau, c’est la gestion et l’organisation de ces concept stores et/ou réseaux…
En effet, je me souviens très bien qu’aux Halles de Bayonne fin des années 60 et durant les années 70 existaient déjà des étals dits aujourd’hui « mono produit », « Concept store » ou encore ‘Food-truck » .
Les Cœurs de Georgette
Le premier exemple qui me vient à l’esprit concerne un « concept » inventé par une dénommée Georgette Forges, grand-mère d’un camarade de classe avec qui je suis d’ailleurs toujours (et pas assez) en contact.
Georgette
Forges donc, qui disposait d’un étal relativement réduit au rez-de chaussée des
Halles, avait créé le concept des « cœurs d’artichauts prêts à l’emploi »,
ainsi entre deux clients, elle passait son temps à découper des artichauts pour
en extraire le cœur, ceci à l’aide d’un petit couteau qu’elle maniait avec
autant de délicatesse que de dextérité.
Georgette
s’était constituée une belle clientèle d’habitués, et son petit commerce a
perduré durant de nombreuses années.
Les rois de la betterave
Dans le même registre Jeanne et Louis Servon (mes grands oncle et tante) s’étaient spécialisés après-guerre, dans la vente de betteraves précuites et prêtes à l’emploi, ils les commercialisaient sur un étal qui semblerait aujourd’hui totalement démesuré pour des betteraves.
Ils maitrisaient alors quasiment toute la chaine de production, en effet ils avaient équipé une partie de leur maison de Beyris (Malouja) en laboratoire de cuisson et préparation des betteraves qui leurs étaient livrées en gros.
Ils
ont eux aussi exercé cette activité durant de très nombreuses années.
Un délice hivernal !
Un autre exemple qui me vient à l’esprit est Mme Lopez, qui était me semble-t-il d’origine espagnole, et qui vendait des marrons grillés sur le pont Marengo, elle officiait tout l’hiver dans une mini locomotive verte, comme quoi, même les « Food-trucks » d’aujourd’hui existaient déjà aux Halles de Bayonne il y a plus de 40 ans !
A vos couteaux Messieurs dames
Devant l’entrée des Halles se trouvait un rémouleur qui, comme sa fonction l’indique, proposait ses services pour affuter les ustensiles tranchants et coupants des ménagères locales.
Il
disposait pour cela d’une machine à pédale, que gamin j’ai toujours observé
avec une certaine curiosité.
Lorsqu’une
cliente faisait appel à ses services, il appuyait fortement du pied sur la
pédale qui actionnait un tour sur lequel il faisait aller et venir couteaux et
ciseaux.
En
moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, l’opération était bouclée.
Le
bruit strident et les étincelles qui en résultaient me faisaient généralement
quitter les lieux à la hâte…
Son talent contribuait à l’ambiance des Halles
La
petite place devant l’entrée principale du rez de chaussée des Halles baignait
dans une ambiance de guinguette, ceci grâce à cet accordéoniste non voyant, qui
se plaçait sur une chaise sous l’arceau juste devant la boulangerie Mauriac.
Son fils le guidait tous les matins pour venir l’y installer, et venait le
chercher en fin de marché.
En conclusion…
Quoi qu’il en soit, Georgette Forges, Jeanne et Louis Servon, Mme Lopez, le rémouleur et l’accordéoniste, ont tous contribué durant des décennies à la véritable Âme des Halles de notre chère cité, merci à eux !
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Adrien
Estebeteguy – Alias « Adrien la main froide » – Alias « Le
Basque »
Si
de nombreux Bayonnais ont brillé par leurs faits d’armes, leur esprit d’entreprise
ou leur inventivité, il en est un qui s’est fait connaître pour de toutes
autres raisons…
Adrien
Estebeteguy issu d’une vieille famille bayonnaise, était l’archétype du malfrat
de haut vol en cette première moitié du 20ème siècle.
Adrien
aux surnoms bien portés, en effet son patronyme pouvait difficilement lui
épargner « Le Basque », tout comme « La Main froide » était
particulièrement adapté à ses méthodes expéditives visant à décourager toute
concurrence…
Il faut bien dire que tel « Rocco », Adrien et ses frères ont toujours très peu goûté le travail manuel, estimant sans doute à juste titre, que leurs talents méritaient des activités professionnelles bien plus rémunératrices.
Mais
revenons à Adrien, il fut tour à tour truand, détenu, kidnappeur, puis collabo
pour finir… victime !
Force
est de constater qu’il aurait pu se vanter d’avoir rencontré dans sa vie deux (sinistres)
célébrités, le premier « Henri Lafont » qui l’aura utilisé pour son
entreprise criminelle, le second « Marcel Petiot » qui l’aura utilisé
pour… alimenter sa chaudière !
Mais… qui était Lafont ?
C’est en 1940 qu’Henri Lafont collaborateur de haut vol, très apprécié par la Gestapo se rend à la prison de Fresnes pour y faire libérer 27 détenus qui constitueront son équipe, bien entendu « Adrien la Main froide » fait partie des « lauréats ».
C’est
notamment à partir de ce noyau dur, que Lafont constituera la fameuse « Carlingue »
de la rue Lauriston à Paris.
Cette
organisation criminelle en relation directe avec la Gestapo avait pour « objet
social » :
La gestion de bureau de rachat
de devises, d’or, de meubles à des prix bradés pour le compte de la Wehrmacht.
Le pillage en règle des biens de Juifs qu’ils
avaient identifiés, et qu’ils menaçaient de dénonciation (pour mieux les
dénoncer ensuite).
Enlèvements en tous genres.
Tentatives d’infiltration des réseaux de
résistants afin de communiquer le plus d’informations possibles à la Gestapo,
qui en retour leur octroyait des pouvoirs au-delà de leurs attentes.
En synthèse : dépouiller le plus de gens possible !
Vous
l’aurez compris, notre Adrien la main froide dont le cursus lui confère alors une
expertise recherchée, excelle sur l’ensemble de ces « prestations ».
Un
jour, sans doute soucieux du travail bien fait, il accompagne Lafont à Bordeaux pour tenter de retrouver l’un des
chefs de la résistance, le Belge Lambrecht recherché par l’Abwehr.
Après quelques nuits de beuveries dans les bars de la ville, un policier lui indique que Lambrecht est à Toulouse et lui donne son adresse.
Les deux compères se rendent alors à Toulouse où ils arrêtent Lambrecht, et le ramènent pieds et poings liés à Paris au siège de la Gestapo, dans le coffre de leur voiture.
Le
résultat aboutit à l’arrestation d’un réseau de 600 personnes !
Encore
un « fait d’armes » à porter notamment au crédit d’Adrien le Basque…
Et
le Docteur Petiot dans tout ça ?
C’est alors que les choses commencent à mal tourner pour Adrien, qu’il va rencontrer un peu par hasard, la seconde célébrité de sa triste existence, j’ai nommé le Docteur Petiot.
Adrien
a en effet entendu dire qu’un médecin parisien disposait de contacts, pour
évacuer discrètement ceux qui le souhaitaient vers l’Argentine.
Au
vu du contexte, il s’empresse de rendre visite à ce dernier dans son hôtel
particulier du 21 rue Le Sueur à Paris.
C’est
comme convenu entre les deux hommes, qu’Adrien revint quelques jours plus tard chez
Petiot avec une valise contenant devises, or, bijoux, faux papiers, bref le kit
complet du truand en partance, censé lui permettre de s’installer confortablement
outre Atlantique.
Le piège se referme
Mais
ce soir-là, la suite ne se déroule pas tout à fait comme il l’envisageait, le
docteur Petiot sous prétexte de lui injecter un vaccin, lui injecte en réalité une
dose mortelle de poison.
Il demande alors à Adrien de patienter dans une pièce triangulaire, insonorisée et sans fenêtre. L’un des murs est équipé d’un judas, permettant à Petiot de s’assurer que son « vaccin » a fait son effet, qu’il peut retirer le corps et surtout récupérer le contenu de la valise qui désormais lui appartient.
La
« thérapie » du Docteur Petiot l’aura finalement enrichi des biens
cumulés des 27 victimes qui ont toutes fini dans… sa chaudière !
Notre
Adrien a donc bien profité de la chaleur, mais pas de celle du soleil Argentin !
Petiot pour sa part achèvera son voyage dans la cour de la prison de la Santé le 25 mai 1946 à 5h07, ou il est guillotiné.
À l’inverse de Landru qui était plutôt partisan de « La femme au foyer* », Petiot lui ne faisait pas de distinction, qu’ils soient hommes ou femmes tous finissaient dans sa chaudière.
*Pardon mais je n’ai pu m’en empêcher.
Quant à Henri Lafont, le 26 décembre 1944 au moment d’être fusillé au fort de Montrouge, il déclare à son avocate « Je ne regrette rien, Madame, quatre années au milieu des orchidées, des dahlias et des Bentley, ça se paie ! J’ai vécu dix fois plus vite, voilà tout. Dites à mon fils qu’il ne faut jamais fréquenter les caves. Qu’il soit un homme… comme son père ! »
Ainsi s’achève l’histoire de l’une des plus grandes figures du banditisme que Bayonne ait vu naître…
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Il y a quelques semaines, un email arrive dans ma boîte, il s’agit d’une invitation que m’adresse Jean-Pierre Condon pour participer à la première visite guidée du Lycée Paul Bert conçue et réalisée par certains élèves.
Le jour venu, mon épouse et moi sommes aimablement accueillis par Jean-Pierre Condon et Madame Leclerc.
La visite guidée
Tout le monde est là, nous pouvons donc débuter la visite, guidés que nous sommes par nos « experts ès Lycée Paul Bert », j’ai nommé les élèves/guides :
Marie, Sharleen, Haize, Elorri, Anaïs, Joé et Tybau
Il ne m’aura fallu que quelques minutes pour réaliser que cet établissement situé à moins de 100m de mon lieu de naissance m’est totalement étranger, au point que je n’ai même jamais eu l’occasion d’y mettre les pieds…
On sent bien que nos hôtes du jour sont enthousiasmés par le fait de nous apprendre des tas de choses, même s’ils ont parfois le discours un peu hésitant, ceci est vite oublié tant ce qu’ils nous racontent est passionnant !
Je tiens d’ailleurs à souligner l’importance du travail de recherche et de préparation qu’ils ont réalisé.
Mais
qu’a-t-on appris au juste ?
C’est en 1215 que les Jacobins s’installent au Bourg Neuf (Place du Réduit), 50 ans plus tard, soit en 1265, ils se déplacent plus en amont à l’emplacement actuel du Lycée des métiers Paul Bert.
Pour
l’anecdote, on retrouve un mur de l’édifice religieux dans l’actuelle salle de
sport du lycée.
Le couvent des Jacobins a été rebâtit entièrement à neuf en 1545, il faut dire qu’il est alors devenu le plus riche de Bayonne et de loin…
L’hôpital militaire
C’est en 1832 pour répondre aux besoins sanitaires des garnisons présentes à Bayonne qu’il est décidé de construire un hôpital militaire de 800 lits.
Les vestiges du couvent des Jacobins et des Capucins sont détruits en 1833/1834 et l’hôpital militaire est inauguré en 1842 par le Maréchal Harispe(1) et Monseigneur Lacroix(2).
De
nombreux blessés de la Grande Guerre seront ainsi soignés à Bayonne.
Un
peu plus tard, l’Hôpital militaire devient un établissement scolaire durant les
mandatures de trois maires :
Joseph Garat élu en 1925 et réélu en 1929
Jules Lafourcade élu en 1934
Et Pierre Simonet élu en 1935
En 1937 de nombreux réfugiés espagnols fuyant la guerre d’Espagne sont hébergés dans les locaux de l’établissement scolaire.
De 1942 à 1944 pendant la 2ème guerre mondiale, l’établissement sert de mess aux sous-officiers et de dortoir aux troupes de la Wehrmacht.
C’est en 1945 que l’établissement prend le nom de Lycée Technique Municipal, avant de devenir le Lycée Professionnel Paul Bert en 1985.
Enfin en 2009, il obtient le label « Lycée des Métiers ».
Conclusion
Il
ne vous aura pas échappé que je me suis contenté de vous faire un résumé de
notre visite, j’espère toutefois que celui-ci vous aura appris certaines
choses.
Encore merci à Jean-PierreCondon, à Mme Leclerc ainsi qu’à Marie, Sharleen, Haize, Elorri, Anaïs, Joé et Tybau, qui nous ont permis de découvrir l’un des trésors historiques de notre chère cité.
Il est à croire que le moindre recoin de notre Bayonne recèle de véritables trésors trop souvent insoupçonnés.
L’Histoire de notre ville est parfois glorieuse, parfois curieuse mais souvent surprenante.
(1)Jean Isidore Harispe, Maréchal de France, né le 7 décembre 1768 à Saint-Étienne-de-Baïgorry.
Député
des Basses-Pyrénées, il fut élevé à la dignité de Maréchal de France le 11
décembre 1851 par le président Louis-Napoléon Bonaparte.
Sénateur
sous le Second Empire, il mourut le 26 mai 1855 à l’âge de 86 ans à Lacarre.
(2)François Lacroix né le 16 novembre 1793 à Entraygues (Aveyron) et mort à Bayonne le 12 octobre 1882
Supérieur du séminaire de Rodez en 1833, il est sacré évêque de Bayonne en 1837, il abandonne cette fonction en 1878.
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