Contrairement à ce qu’il existe aujourd’hui, et aussi curieux que cela puisse paraître, que ce soit sur le quai Dubourdieu, le quai des Corsaires, le quai Galuperie ou encore le quai Jaureguiberry, il n’y avait aucun restaurant à proximité immédiate des Halles, ni même de café au sein de celles-ci…
En effet, dans les années 60 et 70, les seuls restaurants présents sur le périmètre se trouvaient sur le quai Chaho, en commençant par « A la femme sans tête » établissement tenu par un ancien légionnaire, la « Maison Brouchican » juste après, qui faisait de la restauration collective livrée dans les entreprises, et qui poursuit cette activité depuis 3 générations (basée à Arrauntz aujourd’hui), pour se terminer par « le Chaho » qui existe encore de nos jours, et dont le nom n’a rien à voir avec « Manu » 😉
En revanche, les cafés eux ne manquaient déjà pas sur le périmètre, sur la rive gauche se trouvaient « Chez François » qui était le plus près des Halles, « le Relais » rue Guilhamin, « Rémy » en bas du pont Marengo, le « Bar du Marché » rue des Basques, tenu par M. Bernaténé avec le fils duquel (Gérard) j’ai essuyé les bancs de l’école de la rue de Luc, puis de St Bernard.
Pour la rive droite, le « Café de l’Union » sur le quai Chaho tenu par un ancien boxeur de haut niveau, voisin de l’ex légionnaire cité précédemment, inutile de préciser que ces deux-là n’avaient pas de « problèmes d’ardoises ».
A côté de celui-ci, « Le Café du Midi » tenu par Dédé qui rentré de Californie, où il avait passé de nombreuses années, avait acheté l’établissement, et avec le fils duquel, j’ai également passé quelques années à essuyer les bancs de l’école et du collège cités plus haut.
Si nous passons de l’autre côté de la rue Pannecau, c’est-à-dire le Quai Galuperie, l’on trouvait le bar « Chez Francis », anciennement « Chez Agna », aujourd’hui « Le Machicoulis », Francis donc, personnage haut en couleurs et d’une grande amabilité, tenait son établissement de main de maître, fin pêcheur, sa gouaille n’avait d’égale que son humour (voir articles précédents).
Un peu plus loin, presque à l’angle de la rue des Tonneliers, l’un des établissements dont le nom n’a jamais changé, j’ai nommé « Le Clou ».
Il était le premier à ouvrir dès 4h du matin, lorsque je travaillais de nuit aux Halles, nous apprécions tous de pouvoir boire quelque chose de chaud, surtout lorsque les nuits hivernales étaient particulièrement glaciales.
Si nous les « ripeurs » ne prenions que quelques minutes pour avaler un café brûlant, d’autres y avaient leurs habitudes, et il n’était pas rare que certains personnages, là aussi hauts en couleurs, y passent autant de temps que le patron de l’établissement lui-même !
Gageons que si « les brèves de comptoir » avaient existé à l’époque, ses réalisateurs n’auraient pas eu besoin de chercher plus loin, en effet, avec ce qu’ils y auraient vu et entendu, ils auraient pu produire, en termes de longévité, une série du calibre des Feux de l’Amour…
A ce sujet, je ne voudrais pas trop vous retenir, mais laissez-moi vous raconter une petite anecdote…
L’un des piliers de l’établissement qui se nommait « Raymond », était un homme chétif et très aimable d’une cinquantaine d’années, mais qui, lorsqu’il avait un peu trop forcé sur le blanc sec, devenait très, mais alors très volubile…
Un jour de 1981 alors que se tournait à Biarritz le film « Hôtel des Amériques », il avait été recruté, comme de nombreux locaux d’ailleurs, pour faire office de figurant lors d’une scène se déroulant à la gare.
Le lendemain, Raymond arriva dès l’ouverture du Clou, et fier comme Artaban il toisa l’assemblée sans dire un mot.
Etonnés par ce comportement inhabituel, Jeannot le patron lui demanda « Eh bien Raymond, tu vas bien, tu as l’air bizarre ? », Raymond qui n’attendait que ça lui répondit en parlant le plus fort possible « Ouais, je sais, Deneuve a tourné avec moi hier, on a dû reprendre des scènes, et elle m’a épuisé ! »
Patrick Dewaere n’avait qu’à bien se tenir…
Inutile de vous préciser que l’annonce a déclenché l’hilarité générale, au grand dam de l’intéressé qui estimait non pas qu’il avait été figurant dans un film avec Catherine Deneuve, mais que cette dernière avait bel et bien « tourné avec lui », ce qui changeait carrément la donne, lui donnant un crédit indiscutable et inégalé aux yeux de l’assistance !
Notez bien qu’il ne s’agit que d’une anecdote parmi tant d’autres, tant les envolées et autres fulgurances de certains « acteurs » de l’établissement, auraient permis d’écrire une recueil en 25 volumes !
Si l’établissement a connu plusieurs tenanciers, il en est un qui m’a marqué plus que les autres, il s’appelait « Jeannot », un très brave homme qui avait passé lui aussi de nombreuses années en Californie avant de revenir au pays.
Homme au grand cœur, je le vois encore préparer à la hâte des sandwichs à l’omelette aux piments, pour les donner à des nécessiteux qu’il connaissait, voire même à certains de ses clients, comme par exemple… notre ami Raymond, une fois dégrisé de son heure de gloire éphémère…
Enfin, nous terminerons cette « visite » avec le tabac au bout du quai Galuperie, juste avant la quincaillerie Sallière et le Musée Basque, qui faisait également café, mais où la fréquentation était bien moindre, mis à part pour les cigarettes naturellement.
C’était une autre époque, ni mieux, ni pire, juste une autre époque pour laquelle, j’avoue ressentir toujours une certaine nostalgie.
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Bonjour
Vous avez oublier le bar de la nive au quai chaho , après l’imprimerie Dossat.
Merci de le souligner. Mme Igoa a été la dernière propriétaire. Le bar a ensuite changé de nom pour s’appeler « Errobi »
Il y avait également le Bar « Chez Indar » à côté du café de l’Union.
(Merci également de parler de l’imprimerie du Labourd, qui était sur le quai depuis 1905. Nous avons déménagé à la zone industrielle Saint-Etienne en 2010)
Jean-Michel Dossat
Dans vos stars ….vous avez oublié Paul Maye ( coureur cycliste)qui a tenu un bar rue Pannecau de 1953 à 1972 ……déception.
Toujours rue Pannecau bar Etcheto , pelotari.