Mayi a durant des décennies, fait partie des quelques personnages incontournables des anciennes Halles de Bayonne dans un premier temps, puis durant l’époque du « Marché parking ».
Selon la situation, elle pouvait se montrer aussi douce et aimable que sonore et coléreuse…
Elle avait une voix relativement grave, les yeux d’un noir profond, et ses cheveux poivre et sel toujours rassemblés en chignon, son visage était marqué par ses rudes conditions de vie.
Dans le temps, Mayi avait eu un accident qui l’avait rendue handicapée, elle avait un pied qui touchait le sol à quasiment 90°, pour autant cela ne lui enlevait pas une force physique telle, que peu de gars du marché auraient tenté l’expérience d’un bras de fer avec elle !
Elle habitait la petite ferme familiale de Glain proche de la voie ferrée, à l’actuel emplacement de la maison des associations. Elle y élevait quelques vaches, cochons, poules etc…
Au printemps devant chez elle, elle n’hésitait pas à poser quelques cordeaux dans la Nive, visant à il lui procurer quelques anguilles qu’elle savait cuisiner à merveille.
Quelles que soient les conditions climatiques, c’est tous les jours vers midi qu’elle arrivait aux Halles sur son «Solex », armée de son indissociable canne en bois clair.
Après avoir précautionneusement déposé sa monture, et salué les commerçants qu’elle connaissait de longue date, elle se mettait immédiatement en quête de cartons pour ramasser tous les fruits et légumes abimés, que les commerçants ne conservaient pas.
Chaque jour, nous étions tous étonnés par la hauteur de la pile qu’elle arrivait à entasser sur son minuscule porte bagage.
Malgré le tangage de cet imposant chargement, elle parvenait à pousser, démarrer et sauter sur son Solex sans pour autant lâcher sa canne, ce qui représentait à nos yeux une véritable prouesse de synchronisation et d’équilibrisme.
Les jours de grand froid, certains commerçants prévoyaient un Thermos contenant du café au lait, breuvage qu’elle appréciait tout particulièrement.
J’ai toujours une pensée émue lorsque je pense à Mayi, cette femme courageuse que la vie n’avait vraiment pas épargnée,
Elle n’est malheureusement plus parmi nous, mais ceux qui la connaissaient savent bien qu’elle a rejoint les anges, dont elle a finalement toujours fait partie.
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