Il venait d’Algérie et avait installé son stand dans les anciennes Halles de Bayonne, y vendant tous types d’articles.
Arrivant très tôt le matin, pratiquement en même temps que les marchands de fruits et légumes du rez-de-chaussée, il n’en repartait qu’en fin d’après-midi, parfois aidé par ses deux fils, l’un d’entre eux prit d’ailleurs le relais en ouvrant plus tard un magasin rue des Basques…
Jeannot était assez solitaire, mais néanmoins très aimable et attachant.
Son stand était situé au RDC donc, du côté « Mauriac » (à l’inverse du côté de la droguerie Laplace), juste en bas de l’escalier qui menait au 1er étage des Halles ou arrivé en haut, l’on tombait directement sur l’étal d’« Inchaurraga » commercialisant selon moi, l’un des meilleurs gâteaux basques du pays, fabriqué à Bidart et que l’on trouve encore aujourd’hui au « Moulin de Bassilour ».
Courant des années 60, Jeannot avait lancé l’attraction des Halles, il avait en effet installé un Ouistiti sur un genre de perchoir, le petit singe y était relié par une fine chaîne.
Hormis Jeannot, personne ne se risquait à le toucher, et surtout pas les chalands aux cheveux blonds, car lorsque l’un d’entre eux passait devant lui, il devenait instantanément hystérique, tentait de leur sauter dessus tout en poussant des cris stridents audibles dans un rayon de 5 kms (enfin… là peut-être que j’exagère un peu).
Impossible donc de passer par là, sans s’arrêter un instant pour contempler l’adorable primate, qui scrutait chacun d’entre nous avec une attention soutenue mêlée de curiosité.
Jeannot qui vendait également des cacahuètes multiplia rapidement le chiffre d’affaires du poste arachides, tout en nourrissant son Ouistiti à bon compte, l’économie collaborative était née !
Quelques années plus tard, le petit singe n’a plus accompagné Jeannot, ce dernier paraissant attristé, par pudeur sans doute, nous n’avons jamais osé lui demander ce qu’il en était advenu, mais nous nous en doutions…
Les années passèrent, et tel un rituel immuable, c’est vers 12h30 que Jeannot préparait son steak sur son petit réchaud à gaz, les effluves parvenant jusqu’à nous, avaient pour effet de nous mettre en appétit.
Quelques années passèrent encore, et puis un jour c’est Jeannot qui ne revint plus…
J’ai parfois de tendres pensées pour cet homme, qui a fait partie de ces courageux personnages qui ont œuvré longtemps, voire toute leur vie sur le carreau des Halles de Bayonne.
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