Jusqu’aux années 80, le périmètre des Fêtes n’était pas bouclé, je veux dire par là qu’il était possible de traverser les Fêtes en voiture, de jour comme… de nuit…
Les Bayonnais les plus optimistes (ou les plus inconscients) n’hésitaient pas une seconde à se garer pour la nuit, rue Bourgneuf, Pannecau ou le long des quais par exemple, tout comme ils le faisaient le reste de l’année.
Il va de soi que le lendemain matin, c’est quelque peu surpris qu’ils retrouvaient leur « Ami 6 » ou leur « Renault 12 », non pas dégradée, car ce n’était pas dans les mœurs de l’époque, mais plutôt émanant de fortes effluves de gros rouge qui tâche, voire de fragrances de chipiron ayant mal vieilli dans leur pot d’échappement, surtout par forte chaleur.
Cela avait pour effet immédiat de les mettre dans une rage folle, et je ne vous parle pas de leurs Dames, dont certaines s’étant mises sur leur « 31 », se voyaient contraintes de monter dans un véhicule aux odeurs de chalutier pour aller faire leurs courses…
Mais quoi que l’on puisse en penser, ces derniers n’étaient pas vraiment les principales « victimes » des taquineries des Festayres bayonnais.
En effet, il est une autre catégorie dont certains représentants ont vécu de grands moments de solitude, tout en se trouvant au milieu de la foule de Festayres, un paradoxe me direz-vous ? Pas vraiment, jugez plutôt…
Le « Touriste » innocent qui vient de se faire des centaines de kilomètres sous un soleil de plomb, sans clim ni GPS, et qui, pour faire bonne mesure s’est pris quelques bouchons, à une époque où les autoroutes n’étaient pas légion.
Au volant de sa « 404 Peugeot » tractant une énorme caravane flambant neuve, ayant revêtu de superbes lunettes noires, coiffé de son « Bob Ricard » sans doute récupéré lors d’un précédent Tour de France, sans oublier le short et le Marcel, l’ensemble constituant l’équipement type du conquistador aoutien d’alors.
Il avait pour habitude d’arriver par le Pont St Esprit, puis une fois Place du Réduit, deux options se présentaient à lui, celle de poursuivre vers le Théâtre pour ensuite longer l’Adour, ce qui représentait l’itinéraire le moins « risqué », soit tourner à gauche, pour s’engouffrer par exemple dans la rue Bourgneuf… et là les choses se compliquaient subitement…
Roulant au pas, au milieu de la foule, se faufilant entre les comptoirs extérieurs des bars, faisant preuve d’une patience absolue lorsqu’un Festayre à genoux au milieu de la rue s’octroyait un petit coup de chahakoa, notre touriste au volant de son attelage d’une dizaine de mètres, entrait sans le savoir dans l’équivalent du Labyrinthe du Minotaure, ce qui allait très bientôt lui faire regretter les doux bouchons du trajet.
Même s’il disposait d’un sens de l’orientation affûté, il se retrouvait très rapidement au cœur d’un tourbillon qu’il ne contrôlait pas, et c’est généralement à ce stade qu’en désespoir de cause, sa co-pilote d’épouse déployait frénétiquement ses cartes Michelin, dans le secret espoir qu’elles lui apportent une espèce d’«illumination»…
Cela ressemblait fortement à ce que l’on appelle aujourd’hui un « Escape Game »
Ayant perdu tout espoir de s’en sortir seul, c’est alors que notre touriste se décidait enfin à demander sa route…
Et nous n’attendions que ça, car pour les Festayres d’alors, le « challenge » le plus prisé consistait à renseigner nos chers touristes égarés, en prenant bien soin de les faire tourner le plus longtemps possible en plein cœur des Fêtes.
Il n’était donc pas rare de voir et revoir passer une énorme caravane tractée par un « Bob Ricard », de la rue Pannecau, à la rue Poissonnerie, à la rue Pontrique etc…
Le spectacle atteignait son paroxysme lors du passage des ponts, le touriste ravi d’avoir enfin une vue plus dégagée, et nous de parier sur le pont de son prochain passage.
Vous me direz que le commissariat étant alors installé rue Jacques Laffitte, il suffisait à notre cher touriste d’aller s’y renseigner, c’est très juste, à ceci près qu’il lui fallait d’abord le trouver, et même si c’était le cas, il n’était pas sûr d’être mieux renseigné car… certains policiers se prêtaient malicieusement au jeu, si, si, j’en ai connu.
Ayant connu ces années, je suis toujours étonné que l’on n’ait jamais retrouvé une 404 ou une caravane devenues « collection », au fin fond d’une ruelle du Petit Bayonne
Ah oui… j’allais oublier, certains « Bob Ricard » arrivaient de nuit…
C’était toute une époque, celle du Bayonne d’Antan…
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M André Combes ,voici de quoi « pimenter » votre article : Le témoignage écrit d’une « Touriste » a l’époque ,bien adoptée aujourd’hui par le Pays dans lequel elle s’est installée depuis quelques décennies . C’est avec son accord bien sur que je vous transmets son texte:
___Tartine Josette —-(pseudo ) me confie ceci:: »Je me souviens d’une arrivée dans Bayonne, un soir, ne sachant pas à l’époque que c’était la période des fêtes On s’est retrouvés coincés par la foule, dans notre Ami 6 à ne plus pouvoir avancer et là les Bayonnais ont commencé à secouer la voiture dans tous les sens Je te dis pas l’impression qu’on a eu ….presque peur Allait-ont finir dans la Nive ? Comme nous avons rigolé , ils ont fini par aller s’occuper d’une autre voiture C’était le bon temps »
J’adore… le texte est plus qu’excellent et nous transporte directement dans la rue Bourgneuf de l’époque. J’ai même eu l’illusion d’être spectatrice de la scène comme si les « Marrants » étaient mes potes de l’époque, desquels j’aurais été tacitement complice.. Boudiou , ce Bob, cet attelage et ces « pov' » touristes ,j’ai eu le temps de la lecture l’impression de les avoir a 2m de moi … Bon moment de rigolade ..merci!
Merci pour ce gentil message ! En fait j’ai essayé de coller au plus près de la réalité et ça a donné ça ! 😉
Hum,hum..ça sent le vécu … ! Toujours morte de rire ..milesker
a hurler de rire !!!! j’ ai pratiqué moi aussi!!! que de souvenirs!!!
Pauvre touriste !!