Braquages sous les Halles !

Je voudrais vous raconter aujourd’hui sur les Bayonnades, 3 petites histoires vécues sous les Halles à l’époque du Marché-Parking.

  • Braquage sous les Halles !
  • Le clochard millionnaire
  • Une fainéante hyperactive

Braquages sous les Halles !

Sous les Halles et surtout le samedi jour d’affluence par excellence, il arrivait parfois qu’une cliente indélicate, ou un touriste en mal de sensations fortes, soient tentés de faire subrepticement « glisser » quelques fruits dans leur sac.

Mais ce type de larcin était immédiatement repéré par les commerçants qui avaient l’œil.

Dès lors nous pouvions assister à des scènes du genre de celle qui suit…

  • Yvonne (Vendeuse) : Voilà, cela vous fait 5.90F
  • Cliente : Comment ça Yvonne ? J’ai n’ai pris qu’un kilo de carottes à 3F !
  • Yvonne : Vous ne l’avez peut-être pas vu, mais vous reconnaissant sans doute, un groupe d’abricots s’est discrètement éclipsé dans votre cabas pendant que je pesais lesdites carottes, donc en plus de ces dernières je vous rajoute un « forfait abricots » estimé à 2.90F, ce qui nous fait bien 5.90F.

Face à ces arguments imparables, l’escamoteuse s’exécutait sans mot dire, avant de disparaître à grandes enjambées.

Il va de soi que l’exercice était beaucoup moins courtois lorsque le préjudice était provoqué par un inconnu de type Parisien par exemple.

Yvonne Lacaze
Yvonne Lacaze aux Halles de 1922 à 1980

Le clochard millionnaire !

Tout petit, je m’étais pris de tendresse, et je dois le dire d’un peu de pitié, pour un pauvre vieillard (rien de péjoratif dans mon propos) qui, habillé de guenilles, venait deux fois par semaine sous les Halles en fin de matinée.

Manifestement dépourvu de moyens, celui-ci lorgnait discrètement les caisses vides empilées à côté des stands de fruits et légumes, des fois qu’elles contiendraient quelques fruits avariés, potentiellement récupérables à moindre coût, c’est-à-dire gratuitement.

Lorsqu’il n’en trouvait pas, il se résignait alors à acheter quelques fruits pour des sommes dérisoires, du genre une petite banane ou deux abricots ou encore une » pincée » de cerises etc.

Toujours l’un ou l’autre mais jamais l’ensemble d’un coup.

S’engageait alors une interminable négociation qui se heurtait systématiquement au refus des commerçants, comportement incompréhensible à mes yeux, qui je l’avoue m’attristait profondément.

Ce n’est que plus tard, devenu adolescent, que j’appris le fin mot de l’histoire, le pauvre hère était en réalité un richissime propriétaire, mais pas n’importe lequel, il possédait, comme le disaient certains, « la moitié de Saint Esprit ! ».

Il était donc en réalité et à ma grande surprise, d’une avarice rare, ce que l’on appellerait de nos jours « une pince », en l’occurrence de compétition !

C’est dès cette époque que j’ai compris le sens du dicton « l’habit ne fait pas le moine », mon « pauvre vieillard » en étant le reflet parfait !

Vieillard sans ressources
Cette photo ne représente pas le concerné, il s’agit juste d’une illustration

Une fainéante hyperactive !

Les mardis, jeudis et samedis, jours de grand marché à l’époque, et vers les 12h45, heure où les commerçants du rez-de chaussée commençaient à remballer la marchandise et démonter les stands, arrivait sur son vieux vélo, celle qui était considérée comme une « irrécupérable fainéante », qui se levait à midi avant de se précipiter aux Halles pour faire ses courses.

Ceci avait le don d’en agacer plus d’un, d’autant que les acteurs des Halles étaient du genre à se lever eux entre 2h et 4h du matin, et je ne vous ferai pas un dessin sur l’opinion qu’ils avaient des fainéants.

Elle les agaçait d’autant plus en raison de son comportement, l’air sévère, peu souriante, semblant toujours pressée, alors qu’elle « se levait à midi », bref le cocktail idéal pour créer une certaine ambiance…

Ce n’est que quelques années plus tard que là encore, nous apprîmes le fin mot de l’histoire, cette dame était en réalité veuve, élevait ses 4 enfants toute seule et gérait l’entreprise d’une dizaine de salariés qu’elle avait créée là encore toute seule.

Mère courage !

Du coup, oui elle arrivait vers 12h45, pressée, tendue, mais désormais on comprenait pourquoi !

Ce fut ensuite à celui qui l’accueillait avec le plus large sourire, qui lui rajoutait toujours quelques fruits en cadeau, bref les bons gestes fusaient à qui mieux mieux.

Il faut bien reconnaitre que de son côté, elle n’a jamais compris ces subits élans d’amabilité et de générosité à son endroit.

D’ailleurs personne n’a jamais osé lui en expliquer les raisons, mais c’est peut-être mieux comme ça…

Début des années 80, elle n’est plus venue, et personne ne sait ce qu’il est advenu de cette mère courage.

Francette Guinda et Yvonne Lacaze
Francette Guinda et Yvonne Lacaze

Ces quelques anecdotes prouvent, s’il en était besoin, qu’il est en réalité bien difficile de se faire une juste opinion des gens sans les connaitre réellement.   

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La mort du petit commerce à Bayonne !

1963 dans les Halles de Bayonne…

« Il parait qu’ils vont construire un grand magasin en bas de Beyris… »

« Tu parles ! Ce n’est pas possible, là-bas il n’y a jamais eu que des marécages et des grenouilles ! »

1965…

« J’ai même entendu dire que les clients feront leurs courses avec de grands chariots dans lesquels ils mettrons tous leurs achats »

« Franchement j’imagine mal nos clientes se trimballer dans un magasin en poussant un chariot, c’est du délire, tu vois le tableau ! »

« Mais je te dis que oui, il parait même qu’ils trouveront tout dans le même magasin, nourriture, vêtements, livres, droguerie etc… »

« Non mais tu imagines la taille du truc ? Je te dis que c’est impossible, aucun inquiétude à avoir »

1967…

« Tu vois je te l’avais bien dit ! Et en plus ce n’est pas un, mais deux qu’ils en ont ouvert ! « L’Épargne » et le « Carrefour BAB ». En quelques semaines j’ai déjà perdu la moitié de ma clientèle ! Qu’est-ce qu’on va devenir ? »

« Écoute, hier j’y suis allé hier pour voir à quoi cela ressemblait, j’y ai croisé plusieurs de mes clientes, je pense qu’elles y vont pour se donner un genre, pour « faire bien », certaines étaient même « endimanchées » façon « j’entre en ville », mais à mon avis elles vont vite déchanter et revenir au bercail, aucune inquiétude »

Carrefour BAB
Carrefour BAB (1) à Anglet actuel emplacement du Busquet

1969…

« Je n’y crois pas, ils vendent les fruits moins cher que je les achète chez les grossistes, comment va-t-on pouvoir lutter contre ça, c’est très inquiétant ça va mal finir ! »

« C’est vrai, mais tu sais à force de vendre à perte, parce qu’ils vendent à perte j’en suis certain, ils vont finir par se planter, il nous suffit d’attendre et de compter les points, je te dis qu’il n’y a pas d’inquiétude à avoir, le temps joue pour nous… »

Années 70…

La fréquentation des Halles de Bayonne a déjà fortement chuté, il y a déjà longtemps que le parking au-dessus des Halles ne fait plus le plein, sauf peut-être encore le samedi… parfois…

Les commerçants comprennent qu’ils ne vont pouvoir faire face longtemps, la plupart ayant un certain âge parlent déjà de retraite, d’arrêter l’activité, les plus jeunes parlent de reconversion, de trouver un emploi salarié, bref le moral est au plus bas.

Début des années 80…

Le scénario envisagé par beaucoup est malheureusement arrivé, les Halles de Bayonne ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes, la grande distribution a eu raison d’elles, et désormais plus rien n’enrayera le processus.

Les grossistes disparaissent également, emportant de fait les nombreux emplois qu’ils avaient générés durant de nombreuses décennies.

Pour la petite histoire…

L’Épargne (Casino) et Carrefour (BAB (le premier) voir photo) s’installent en 1967, là où se trouvait quelques années auparavant une vaste zone marécageuse.

Cette dernière ayant été remblayée notamment par le sable de la dune de Blancpignon.

Une partie de la dune avait déjà été utilisée quelques années avant pour l’édification d’une zone industrielle regroupant la Manufacture d’Armes de Bayonne, l’usine Michelet, quelques entreprises commerciales ainsi que des unités de production.

Épilogue…

Une mutation commerciale sans précédent a donc littéralement et subitement vidé le centre de Bayonne en général et les Halles en particulier de leur attractivité, voire de leur substance.

Il est en effet indiscutable que l’arrivée des supermarchés avec leur concept du « tout sous le même toit » ainsi que la définition initiale de la grande distribution : nombreuses places de stationnement, spectacle permanent, bas prix… combinée au regroupement du commerce de gros au Forum en 1973 ont sonné le glas de la grande époque des Halles de Bayonne

Synthèse :

On peut donc considérer aujourd’hui que les Halles de Bayonne ont « juste » succombé à un concept et une définition…

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Bayonnades Rétrospective Pack 1

Pour celles et ceux qui auraient raté des articles sur les Bayonnades, je vous ai préparé ici une petite rétrospective qui sera publiée sur quelques semaines.

Nous allons commencer par de véritables acteurs de « Bayonnades », c’est-à-dire des personnages qui faisaient partie du décor du carreau des Halles dans les années 70 et 80.

Souvent hauts en couleurs, leur sens de la répartie n’avait d’équivalent que leur mauvaise foi.

Chicaneurs mais au grand cœur, toujours râleurs mais jamais tricheurs, parfois sévères mais toujours sincères, bref des Bayonnais !

Riton le livreur de choc !

En ce matin de juin 1978, le carreau des Halles a l’aspect d’une énorme fourmilière, et pour cause, nous sommes samedi c’est-à-dire jour de grand marché…

Riton la catastrophe ambulante !

Suite à sa célèbre (tentative de) livraison d’une palette de tomates au Printafix, assortie de multiples préjudices de moindre importance subis par le patron de notre Riton…

Bayonne 1981 Une star est née !

Dans les cafés Bayonnais (alias Chapelles) il n’est pas rare que certaines personnalités, toujours hautes en couleurs, passent autant de temps que les patrons des établissements eux-mêmes !

Les 2 gardiens du « Temple »

Saviez-vous que les Halles de Bayonne qui ont précédé celles d’aujourd’hui, disposaient d’un poste de police ainsi que de toilettes publiques ? Ces deux endroits étaient confiés à deux personnages incontournables…

Patxi et le stock américain

Un beau matin au Clou, Lucien s’invite à la table de Patxi…

Norbert chez le “Clopologue”…

En ce beau matin de mai, Patxi rencontre Norbert de Michecuite sur le quai Galuperie…

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Mai 1980 Grève des dockers

L’Adour n’a pas toujours été un long fleuve tranquille, loin s’en faut. Les périodes agitées à défaut d’être nombreuses ont néanmoins été régulières à Bayonne.

Ici en mai 1980 les dockers de Bayonne sont en grève, l’affaire tourne mal puisqu’ils séquestrent 2 ingénieurs dans des bureaux de la CCI.

Les CRS sont appelés pour une intervention qui se voudra pour le moins musclée (voir photo 1).

Ci-dessous quelques photos de l’événement gentiment offertes aux Bayonnades par Daniel Velez (photographe) que je remercie vivement.

Cliquez sur les photos pour les agrandir.

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