Né au Petit Bayonne il y a (trop) longtemps, les Halles ont représenté l'univers de mon enfance, puis mon périmètre s'est agrandi à la ville entière et à son Histoire.
Mon objectif : Que ceux qui ont connu cette époque sachent que d’autres ne l’ont pas oubliée, et pour que les plus jeunes sachent comment l'ont connue ceux qui l'ont vécue ;-)
Bienvenue dans notre nouveau rendez-vous des Bayonnades !
La série « André reçoit… » est conçue autour d’interviews de Bayonnais(es) qui nous racontent l’Histoire, et certaines anecdotes croustillantes de notre chère ville.
Aujourd’hui la toute première vidéo (inédite) de la série avec Michel ETCHELET qui nous parle de l’inauguration du Stade St Léon, rebaptisé depuis Jean Dauger. (Notez les nombreuses photos d’époque)
Important !
Si vous aussi avez des anecdotes ou de témoignages que vous souhaitez partager, contactez-moi directement : andre@bayonnades.fr
Parlez-en autour de vous et aidez-nous à recueillir cette part de notre patrimoine que nous nous devons de transmettre. Je vous en remercie vivement par avance !
Saviez-vous que les Halles de Bayonne qui ont précédé celles d’aujourd’hui, disposaient d’un poste de police ainsi que de toilettes publiques ?
Ces deux endroits étaient confiés à deux personnages
incontournables qui, pour ceux qui les ont connus, se définissaient comme les
garants zélés d’un ordre et d’une propreté ne souffrant aucune incartade…
Honneur aux dames
Honneur aux dames, nous allons donc commencer par ces
toilettes publiques, situées à (l’ancien) angle donnant sur le bar François et
la jardinerie Forsans.
Le lieu se résumait à un couloir avec sur sa partie
gauche 4 ou 5 portes d’accès aux toilettes, juste en face se trouvait une table
derrière laquelle trônait la « tenancière » des lieux.
Dès l’arrivée et au premier regard, il était
clairement convenu qu’elle ne tolèrerait aucun « dérapage », ce qui, soit dit
en passant permettait de disposer de lieux d’aisance sans doute plus nets que
certains que l’on rencontre de nos jours.
Mais ce n’est pas tout ! Mme Denise (si je me souviens
bien) avait en quelque sorte doublé son dispositif, elle avait prévu un « Plan
B », juste au cas où…
En effet, une fois que l’on avait investi les lieux,
on découvrait une affichette apposée sur l’intérieur de la porte, il y était
écrit ceci : « Ch… dur, ch… mou, mais ch… dans le trou ! »
Ah… poésie
quand tu nous tiens !
Quoi qu’il en soit, l’ensemble du dispositif était
conçu de telle sorte à éviter tout quiproquo, ce que tout le monde avait
d’ailleurs bien compris dès l’arrivée !
Le minuscule poste de police quant à lui, était confié à la haute bienveillance de notre Brigadier favori (rouler les R) portant le doux patronyme de « Poublan ».
Assez grand et corpulent, parfois conciliant, souvent autoritaire, il prenait très au sérieux la lourde tâche dont on l’avait investi, à savoir faire régner l’ordre et la discipline dans et autour de « ses » Halles, qui tenaient alors plus d’une fourmilière que d’un couvent de bénédictines.
Il lui arrivait de se mettre en colère, tout particulièrement lorsqu’un automobiliste ne marquait pas le stop juste devant ses yeux, ce qui arrivait environ toutes les deux minutes, tenant compte qu’avec la foule on ne voyait même pas le panneau…
Très réactif au moindre contrevenant
Là un coup de sifflet strident couvrait le kilomètre
carré alentour, et réveillant sans doute au passage la moitié de la population
bayonnaise.
Le « chauffard » immédiatement interpellé, notre brigadier s’approchait lentement de la portière, sans doute pour ajouter un soupçon de dramaturgie à la situation, puis prenait une posture altière à la mesure de ses fonctions.
L’échange pouvait durer… durer, même si la file de voiture, fourgons et camions s’allongeait jusqu’à la Mairie (j’exagère à peine), ce qui était important c’est que le dangereux contrevenant comprenne bien qui était le patron en ces lieux, et surtout qu’il ne se fasse pas reprendre sous peine de s’attirer à nouveau les foudres de notre fier représentant de l’Ordre.
Après avoir stoppé quelques contrevenants, il avait pour habitude de « regarder ailleurs » avant de se déplacer en un endroit moins « sensible », sans doute histoire d’en garder un peu sous la pédale (si j’ose dire) pour le lendemain.
Je le vois encore trônant en haut de escaliers du Marché-Parking, endroit lui donnant une visibilité sans faille, mais également où nous le voyions tous, droit, le menton haut perché, l’air impitoyable, il nous apparaissait tel César ayant troqué sa couronne de lauriers contre un képi.
La prévention avant tout !
Je tiens à préciser que durant toutes les années où j’ai connu M. Poublan, je ne l’ai jamais vu adresser la moindre contravention, tout se réglant verbalement, longuement certes, mais verbalement.
Mais sous les airs qu’il se donnait, il s’agissait en
réalité d’un brave homme.
Alors oui… l’ancienne devise des Halles de Bayonne aurait pu être : Ordinem et munditiae (Ordre et propreté)
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« Il
parait qu’ils vont construire un grand magasin en bas de Beyris… »
« Tu
parles ! Ce n’est pas possible, là-bas il n’y a jamais eu que des marécages et
des grenouilles ! »
1965…
« J’ai
même entendu dire que les clients feront leurs courses avec de grands chariots
dans lesquels ils mettrons tous leurs achats »
«
Franchement j’imagine mal nos clientes se trimballer dans un magasin en
poussant un chariot, c’est du délire, tu vois le tableau ! »
« Mais
je te dis que oui, il parait même qu’ils trouveront tout dans le même magasin,
nourriture, vêtements, livres, droguerie etc… »
« Non
mais tu imagines la taille du truc ? Je te dis que c’est impossible, aucun
inquiétude à avoir »
1967…
« Tu
vois je te l’avais bien dit ! Et en plus ce n’est pas un, mais deux qu’ils en
ont ouvert ! « L’Épargne » et le « Carrefour BAB ». En quelques semaines j’ai
déjà perdu la moitié de ma clientèle ! Qu’est-ce qu’on va devenir ? »
«
Écoute, hier j’y suis allé hier pour voir à quoi cela ressemblait, j’y ai
croisé plusieurs de mes clientes, je pense qu’elles y vont pour se donner un
genre, pour « faire bien », certaines étaient même « endimanchées » façon «
j’entre en ville », mais à mon avis elles vont vite déchanter et revenir au
bercail, aucune inquiétude »
1969…
« Je
n’y crois pas, ils vendent les fruits moins cher que je les achète chez les
grossistes, comment va-t-on pouvoir lutter contre ça, c’est très inquiétant ça
va mal finir ! »
« C’est
vrai, mais tu sais à force de vendre à perte, parce qu’ils vendent à perte j’en
suis certain, ils vont finir par se planter, il nous suffit d’attendre et de
compter les points, je te dis qu’il n’y a pas d’inquiétude à avoir, le temps
joue pour nous… »
Années 70…
La
fréquentation des Halles de Bayonne a déjà fortement chuté, il y a déjà
longtemps que le parking au-dessus des Halles ne fait plus le plein, sauf
peut-être encore le samedi… parfois…
Les
commerçants comprennent qu’ils ne vont pouvoir faire face longtemps, la plupart
ayant un certain âge parlent déjà de retraite, d’arrêter l’activité, les plus
jeunes parlent de reconversion, de trouver un emploi salarié, bref le moral est
au plus bas.
Début des années 80…
Le
scénario envisagé par beaucoup est malheureusement arrivé, les Halles de
Bayonne ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes, la grande distribution a eu
raison d’elles, et désormais plus rien n’enrayera le processus.
Les
grossistes disparaissent également, emportant de fait les nombreux emplois
qu’ils avaient générés durant de nombreuses décennies.
Pour la petite histoire…
L’Épargne (Casino) et Carrefour (BAB (le premier) voir photo) s’installent dans la seconde partie des années 60, là où se trouvait quelques années auparavant une vaste zone marécageuse.
Cette
dernière ayant été remblayée notamment par le sable de la dune de Blancpignon.
Une
partie de la dune avait déjà été utilisée quelques années avant pour
l’édification d’une zone industrielle regroupant la Manufacture d’Armes de
Bayonne, l’usine Michelet, quelques entreprises commerciales ainsi que des
unités de production.
Épilogue…
Une mutation commerciale sans précédent a donc littéralement et subitement vidé le centre de Bayonne en général et les Halles en particulier de leur attractivité, voire de leur substance.
Il est
en effet indiscutable que l’arrivée des supermarchés avec leur concept du «
tout sous le même toit » ainsi que la définition initiale de la grande
distribution : nombreuses places de stationnement, spectacle permanent, bas
prix… combinée au regroupement du commerce de gros au Forum en 1973 ont sonné
le glas de la grande époque des Halles de Bayonne
Synthèse :
On
peut donc considérer aujourd’hui que les Halles de Bayonne ont « juste »
succombé à un concept et une définition…
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Vous êtes aujourd’hui plus de 2500 dans 58 pays à être abonnés aux Bayonnades, c’est la raison pour laquelle nous avons décidé de créer l’Association… « Les Bayonnades » !
Son objectif ?
Très simple :
Recueillir et partager tout ce qui constitue notre patrimoine commun, photos,
films, documents et témoignages sur notre chère ville.
Comment ?
Recueil de
documents :
De nombreuses
familles Bayonnaises ont dans des cartons souvent stockés dans des greniers,
des cassettes vidéo, films Super 8, photos ayant trait au Bayonne d’antan.
Ces
documents représentent de véritables « pépites » pour les plus jeunes, si nous
leurs communiquons, ils partageront ainsi notre patrimoine bayonnais qui est
aussi le leur…
Si vous
aussi avez chez vous des « pépites » bayonnaises, nous les numérisons
gratuitement, et vous rendons l’original ainsi qu’une copie numérique en
échange de votre autorisation de diffusion sur le site « Les Bayonnades ».
Recueil de
témoignages :
De
nombreuses histoires et anecdotes sont encore bien vivaces dans nos mémoires
d’anciens de Bayonne.
Malheureusement
tous ces souvenirs disparaitront avec nous, et plus personne ne sera là pour
les transmettre aux nouvelles générations.
Si vous
aussi avez des souvenirs sur le Bayonne d’antan, nous vous proposons de nous
rencontrer et d’enregistrer votre témoignage, celui-ci sera alors diffusé (avec
votre autorisation) sur le site www.bayonnades.fr afin que tous les amoureux de
notre ville puissent profiter de vos souvenirs.
Internet est
aussi fait pour ça !
Et vous ?
Si vous détenez (ou connaissez quelqu’un qui détient) l’une ou plusieurs de ces « pépites bayonnaises », et que vous souhaitez apporter votre pierre à l’édifice, n’hésitez pas à nous contacter.
Si ce n’est déjà fait abonnez-vous sur le site « www.bayonnades.fr » et recevez très bientôt de nouvelles informations sur l’Association (Loi 1901 à but non lucratif) et comment nous rejoindre en devenant « Amis » des Bayonnades !
Les soirs de marée montante en été, Roland un ami et
moi-même allions régulièrement pêcher sur le pont St Esprit.
Équipés chacun de deux cannes nous faisions parfois un véritable carton, parfois nous rentrions carrément bredouilles, mais nous passions toujours un bon moment.
Mais un soir ce fut un peu « spécial »,
laissez-moi vous raconter ça…
Il est environ 23h, il n’y a presque plus de
circulation sur le pont, les réverbères nous éclairent suffisamment pour
poursuivre notre partie de pêche, qui est pour l’instant des plus fructueuses.
En effet pas moins d’une quinzaine de pigates
(truites de mer) et de louviates (petits bars) d’environ 600 à 800 grammes
chacun, emplissent notre besace.
Cela fait environ deux heures que nous sommes là, et
avons déjà dû répondre au moins une cinquantaine de fois aux passants posant l’inévitable
question dans toutes ses variantes « Alors…ça mord ?», « Ça
pique ? », « Ça donne ?», « Y’en a ? », « Ca
picore ? » ou encore le surprenant « Ca suce ? »…
Inutile de préciser qu’à force cela devient, comment
dire… irritant, voilà c’est le mot !
Notre pêche étant « faite » et nous très satisfaits, l’heure est désormais à la détente, il ne nous manque plus que le bon « client » pour nous payer une bonne tranche de rigolade.
Un bon client
Il est 23h lorsqu’un passant d’un » style nouveau » approche d’une démarche chaloupée, il nous dépasse non sans jeter un coup d’œil furtif sur la besace fermée, puis revient sur ses pas et s’adresse à nous…
« Bonsoir messieurs, vous êtes
d’ici ? »
« Oui bien sûr, pas vous ? »
« Oh non, je viens de Savoie »
« En vacances ? »
« Non, travail, je suis représentant itinérant
en pièce détachées automobiles, je suis sur le secteur pour 2 ou 3 jours »
« Ah OK… »
Dès cet instant nous comprenons que notre « bon
client » est en face de nous !
Et ce qui devait arriver, arriva… « Alors ça
mord ? »
« Oh si peu… c’est très calme en ce
moment… »
« Je peux regarder ? »
« Oui bien sûr »
« Waouh !!! Mais c’est magnifique !
J’y crois pas ! Et vous avez attrapé tout ça ce soir ? »
« N’exagérons rien, il n’y a pas grand-chose, et
ça fait tout de même déjà 2 heures qu’on est là »
« 2 heures ? C’est vraiment pas grand-chose ! Écoutez les gars, je suis moi-même pêcheur dans ma région, en fait j’adore ça et il m’arrive souvent d’y passer toute la journée, et parfois pour rien ! Alors que là…»
« Oh vous savez, cela doit être la première fois que l’on passe autant de temps pour si peu… , c’est très calme en ce moment, sans doute la lune… »
« Quoi ??? Mais vous en vivez ou
quoi ? »
« Pas du tout, la pêche c’est juste un
passe-temps pour nous »
« Je n’en reviens pas ! Et après… vous les
vendez ? »
« Vendre quoi ? »
« Ben… tous ces poissons ! »
« Ah non, après on va pêcher sérieusement depuis la plage, et ceux-là chez nous on s’en sert d’appât »
Vraiment un bon client
Notre représentant semble frôler l’infarctus, puis nous regarde les yeux écarquillés…
« Vous vous en servez d’appât ??? »
« Oui bien sûr, mais pas entiers on les coupe en
deux, on les économise… »
« C’est pas vrai !!! Mais vous attrapez
quoi avec ??? »
« Houlà… plus gros… bien plus gros… mais on peut pas dire…»
En entendant ça le pauvre garçon manque encore de s’étouffer, avant de rester comme figé, pensif…
Il faut préciser que notre pêche presque miraculeuse du soir nous confère une certaine crédibilité que nous avons décidé d’exploiter à fond.
Ce n’est que quelques minutes plus tard qu’il revient
à la charge.
« Perso ma plus grosse prise c’est un brochet de plus d’un mètre, c’est énorme tout de même non les gars ? »
« Ouais…pas mal… »
« Pas mal… plus d’un mètre… vous trouvez ça… pas mal ??? »
« La seule différence pour nous c’est que, comme
appât, au lieu de le couper en 2 on l’aurait coupé en 4 ! »
Là, un peu plus et on appelait le SAMU, et j’exagère
à peine, notre représentant était presque en état de choc répétant « Comme
appât… en 4… ils l’auraient coupé en 4… »
J’avoue que pendant toute la durée de ce véritable sketch, le plus difficile a été de garder notre sérieux.
Allez, on se voit demain !
Lorsqu’il finit par reprendre quelque peu ses
esprits, il nous demanda…
« Et vous êtes là demain soir ? »
« Non, demain on va pêcher la sole »
« Des soles ? Parce que vous vous en servez d’appât aussi ? »
« Non pas du tout, pourquoi vous dites ça ? »
« Et je peux vous rejoindre les
gars ? »
« Oui bien sûr… »
On lui donna rendez-vous vers le soufre le lendemain
à 22h, et là…
Mais ça c’est une autre histoire que je vous raconterais bientôt… 😉
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