Je voudrais aujourd’hui vous transmettre une superbe histoire Bayonnaise, qui nous est racontée non sans un certain brio par Alain Da Silva, grand fidèle des Bayonnades que je remercie vivement pour sa participation !
Petite confidence, je crois qu’il en a beaucoup d’autres en magasin, mais chut… nous en reparlerons plus tard…
Alexandre, la trace du Prince
C’est l’histoire d’Alexandre né, tout à la fin du XIXème siècle, personnage qui vécut de nombreuses années, au quartier Saint Etienne de Bayonne.
Jeune apprenti au garage Gambade, situé sur l’avenue Soult, Alexandre et ses collègues mécanos, dans les années 20, virent arriver à pied, un chauffeur de Maître dans un curieux accoutrement.
Coiffé d’une superbe casquette, celui-ci portait un manteau de style militaire, avec un col d’astrakan ainsi que des gantelets. Ses bottes rutilantes en cuir noir, étaient du plus bel effet.
Le chef du garage, après s’être entretenu avec lui, demanda à Alexandre de suivre le chauffeur pour faire patienter le Maître, juste le temps d’enfiler une tenue un peu plus propre et présentable.
Sauf que, lorsque le responsable du garage se présenta auprès de cette « Haute Personnalité », Alexandre avait déjà résolu avec une belle efficacité, le problème du moteur défaillant !!!
Le Maître fut enchanté de ce jeune, pour la promptitude de la réparation de son véhicule. Evidemment, les félicitations de ce « Grand Ponte », rejaillirent alors sur le garage bayonnais pour la plus grande joie de son propriétaire.
Mais je vous sens impatients !!!
Qui était donc ce personnage mystérieux ?
Ce grand personnage mystérieux n’était autre que le Prince de Galles, celui qui accéda au trône d’Angleterre quelques années plus tard, en janvier 1936 en tant qu’Edouard VIII. (Il abdiqua 326 jours après, à la veille de son Couronnement.)
Dans les années 20 et 30, il mena une vie de « Grand de ce monde », en effectuant de nombreux voyages à l’étranger, notamment sur la Côte Basque.
Après son abdication, il changea de titre pour devenir Duc de Windsor.
Après-guerre, il viendra en villégiature à Boucau, pour de nouveaux séjours dans la région, plus exactement au Château de Matignon, demeure qui héberge aujourd’hui Aïntzina, un centre d’observation et d’éducation motrice.
Heureux de cette rencontre tellement improbable et de l’aboutissement positif de cette anecdote, le patron du garage, décida d’affubler son jeune apprenti Alexandre, du surnom bienveillant de « Prince » ne serait-ce que pour garder en mémoire, cette page historique de son établissement. (Pour garder l’authenticité de l’anecdote, merci de prononcer ce chafre en gascon en détaillant « Priii (n) ce»)
Alexandre, fier de « son nouveau statut » n’hésita pas une seconde à reprendre publiquement sa nouvelle « appellation » de « Priii (n) ce », notamment auprès de ses nouveaux collègues, lorsqu’il entra à la Compagnie des Chemins de Fer, comme conducteur de train à Bayonne.
A la fin de sa carrière, quand il partit en retraite, ses copains lui firent la surprise de décorer magnifiquement son dernier train, une majestueuse locomotive à vapeur, avec drapeaux, branches fleuries solidement arrimées, et une banderole fixée sur le nez de la locomotive, libellée comme suit :
« Bonne retraite Prince »
L’arrivée en gare de son dernier train, véritable monstre d’acier en tenue d’apparat, fut triomphale sous le sifflet strident de la machine.
Tandis que les panaches blancs surgissant de la cheminée se dirigeaient vers le bleu-Aviron d’un azur soudainement secoué, les lueurs des torches et l’éclatement assourdissant des pétards transformèrent ce moment, en une très intense et rare émotion.
Moment qui fut vécu trop rapidement, aux dires des participants à l’assemblée, formée de collègues et amis joyeusement regroupés, sur le quai de la gare.
Que dire de la surprise et de l’étonnement des présents, à l’écoute du Chef de Gare qui, dans un discours dithyrambique, rendit un hommage officiel à Alexandre…un Alexandre…que personne ne connaissait !!!
Ses collègues pensèrent alors que le tribun, sans doute inattentif, voire quelque peu poète, s’était trompé de discours. C’est alors que « Priii (n) ce » prit la parole pour remercier tous les protagonistes de cette belle et émouvante cérémonie, en dissipant le malentendu. Il précisa comment lui avait été attribué ce chafre.
Il déclina alors sa véritable identité, avec son vrai prénom Alexandre, laissant soudainement, tous ses admirateurs pantois.
Tout le monde put alors s’engager différemment, non pas sur cette voie quasi-royale, mais sur celle de l’amitié et de la solidarité.
Mais être sur les rails, n’est-ce pas emprunter comme tout un chacun, ce que l’on appelle le train de la vie ?
Alain Da Silva / mars 2021
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